Le bouddhisme Chán

Bodhidharma, premier patriarche du chán en Chine.
Un texte écrit par le maître zen Olivier Reigen Wang-Genh

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Le Bouddhisme est arrivé en Chine au début de notre ère dans une terre déjà riche culturellement ; deux écoles de pensées majeures l’avaient fécondée depuis plusieurs siècles : le taoïsme et le confucianisme. Lors de son passage en Chine, l’expression du message du Bouddha s’est imprégnée de la culture de ce grand pays, tout en gardant son authenticité.
Pour comprendre les évolutions actuelles du zen Sôtô, il est intéressant de plonger à sa source, en étudiant notamment une des périodes les plus riches du bouddhisme, celle de la diffusion du Chan en Chine, du VIe au XIIIe siècle. Ces sept siècles peuvent être divisés en trois grandes périodes.

Première période (VIe – VIIe siècle)

Du VIe au VIIe, le Chan se développe en Chine à partir de la venue du moine indien Bodhidharma. Cette époque où légende et histoire se confondent est celles des patriarches fondateurs : Bodhidharma, Eka, Sôsan, Dôshin et Kônin et en point d’orgue le sixième patriarche Daikan Enô. Enô eut deux successeurs principaux : Nangaku Ejo et Seigen Gyoshi, qui sont à l’origine de toutes les grandes lignées qui apparurent ensuite.

Seconde période (VIIe – Xe siècle),

l’âge d’or du Chan

Du VIIe au Xe siècle, de nombreuses lignées prolifèrent dans la transmission du Chan. Beaucoup d’entre elles s’éteindront, mais d’autres seront à l’origine des cinq grandes écoles qui apparaîtront plus tard. C’est à l’époque de Hyakujô (IX° siècle) que sont apparus les premiers monastères Chan, avec leurs règles propres. Dôshin en son temps avait déjà jeté les bases d’une première régulation ; Hyakujô poursuivit cette œuvre et institua la fameuse règle : « Un jour sans travail, un jour sans manger. » C’est la naissance du samu.

Cette époque est celle des premiers textes fondateurs du zen Sôtô tels le Sandokai et l’Hokyo Zanmai. Une extraordinaire créativité se manifeste et des maîtres réputés tels que Nangaku, Sekito, Tokusan, Basô, Yakusan, Tôzan, Hyakujô, Seppô, Rinzai, Nansen ou Joshu, qui appartiennent à différentes lignées, ont chacun développé un enseignement original avec leur formulation propre.

Par exemple Tôzan et Sôzan, considérés comme les fondateurs de l’école Sôtô, ont créé un grand nombre de formules célèbres telles les cinq rangs (go i), les trois chemins, les trois chutes, les trois fuites, etc… Toutes ces formules et ces expressions différentes devaient permettre aux disciples d’éviter les pièges de la compréhension intellectuelle en les sortant des ornières de leurs connaissances antérieures et en les éveillant à la réalité de la voie du Bouddha.

Certains de ces maîtres étaient à la tête de communautés très importantes, comprenant parfois plus de mille moines, et eurent un grand nombre de successeurs dans le Dharma. Ainsi, Seppô transmit à cinquante de ses disciples.

Cette période est appelée l’âge d’or du Chan ; c’est à cette époque que sont apparues les cinq écoles ou cinq maisons : Hôgen, Ummon, Igyô, Sôtô et Rinzai. Les histoires et les anecdotes concernant les patriarches de ces écoles sont devenues des références pour les étudiants et sont à l’origine de ce qu’on allait appeler les koan ou cas public.

Troisième période (Xe-XIIIe siècle)

C’est dans ce contexte, particulièrement riche et prolifique, que s’ouvre la troisième période d’expansion du Chan (dynastie des Song). Elle voit apparaître une littérature de plus en plus raffinée et des écoles qui établissent leur spécificité avec un tel rigorisme que les remèdes eux-mêmes produisent déjà de nouvelles maladies. Ainsi, c’est au XIIe siècle que se déroule la fameuse (vraie-fausse) polémique entre Wanshi Sogaku, de la lignée Sôtô et Daie Sôkô, qui rédigea le Hekiganroku, recueil et commentaires de koans de la lignée Rinzai.

Wanshi Sogaku (1091-1157) est considéré comme celui qui ranima une lignée Sôtô moribonde en redonnant son vrai sens à la pratique de shikantaza. Zazen était devenu peu à peu une pratique quiétiste dénuée de tout esprit d’éveil, où les moines somnolaient plus qu’ils ne méditaient. Ainsi, à force d’être absorbés dans un état proche du vide mental, les moines ne pouvaient plus répondre aux exigences de la vie quotidienne, notamment dans leurs relations avec les laïcs.

C’est pour répondre aux critiques et à la désapprobation de nombreux maîtres et notamment de Dai’e Soko, que Wanshi écrivit ses textes les plus profonds tel le Mokushoka où la pratique de shikantaza retrouve toute sa dimension et son mystère.

C’est ce pur shikantaza que Tendo Nyojo transmettra au jeune Dôgen venu du Japon à la recherche de l’authentique Dharma.

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